Des nappes, dans l’ensemble bien rechargées, et pourtant...
Si, dans l’ensemble, les abondantes pluies de l’automne et de l’hiver ont permis aux nappes phréatiques de bien se recharger, cela ne met pas les cultures à l’abri d’un éventuel stress hydrique. Et ce, d’autant que l’implantation de certaines parcelles a été compliquée avec, pour résultat, de mauvais enracinements.
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Le 1er avril 2024, le BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) dévoilait son dernier bilan sur la situation des nappes phréatiques (1). Selon ce rapport, sur le mois de mars, la recharge a été « active » puisque 64 % des nappes observées affichent un niveau en hausse, contre 57 % en février, 20 % sont stables tandis que 16 % sont en baisse. À l’échelle nationale, la situation globale est jugée plus favorable que l’an dernier à la même époque car les conditions sont meilleures : les pluies de l’automne et de l’hiver 2023/24 ont été abondantes et efficaces, la recharge se poursuit et la plupart des sols sont encore humides. Toutefois, plusieurs zones présentent des niveaux bas à très bas, comme par exemple dans la nappe de Sundgau dans le sud de l’Alsace et sur les nappes du littoral du Languedoc-Roussillon. La situation est même jugée préoccupante par le BRGM dans l’ouest de l'Hérault, dans l’Aude et dans le Roussillon. Car, même si la pluie a fait son retour la dernière semaine du mois d’avril, dans ces territoires, il n’a quasiment pas plu depuis deux ans avec, pour conséquence, des minima historiques en constante diminution. Dans un tel contexte, impossible pour les nappes de se recharger d’autant qu’en général, cette étape s’arrête en mai.
Et pour les mois à venir ?
Chaque mois, Météo-France publie un bulletin des grandes tendances pour les trois mois à venir. Pour la période de mai, juin et juillet 2024, elle prévoit des conditions plus chaudes que la normale, notamment pour les régions méditerranéennes. Une situation qui pourrait accélérer la consommation des ressources en eau par les plantes, sachant que c’est au printemps et en été que les besoins des plantes sont les plus importants. Or Météo-France ne livre aucune tendance sur le front des précipitations. Autrement dit, malgré d’importantes pluies depuis six mois, le risque d’un stress hydrique n’est pas écarté d’ici à la récolte avec, à la clé, de possibles impacts sur le rendement final.
Par ailleurs, la situation des cultures en place est très disparate d’une région à l’autre : elle dépend non seulement des dates de semis, mais aussi des conditions d’implantation et de la météo qui a suivi. Céré’Obs, le réseau d’observation de FranceAgriMer, confirmait d’ailleurs le 19 avril que seules 64 % des parcelles de blé tendre affichaient des conditions de culture allant de bonnes à très bonnes, contre 94 % en 2023. Ce chiffre est de 67 % pour l’orge d’hiver (contre 92 % en 2023) et de 70 % pour le blé dur. Il était de 91 % un an plus tôt. Côté surfaces, Agreste estime la surface totale de céréales à paille en recul de 6,1 %, à 6,8 Mha. Avec - 7,7 %, c’est le blé tendre qui enregistre la plus forte baisse.
Une récolte 2024 incertaine
La pluie, associée à des températures douces, voire chaudes en mars, ont favorisé le développement des maladies : c’est le cas de la septoriose sur blé tendre. Et ce, dans un contexte où le premier traitement fongicide n’a pas toujours pu être appliqué dans de bonnes conditions. Même les semis tardifs, habituellement épargnés, sont touchés cette année. Pour les semis réalisés dans des conditions difficiles, c’est le manque d’enracinement qui est à craindre avec, là encore, un impact sur la fin de cycle. Avec un système racinaire moins développé, les céréales auront plus de difficulté à aller chercher l’eau en profondeur dans le sol. Pour ces parcelles, le climat des mois de mai et juin sera déterminant. Bon nombre d’organismes stockeurs hésitent d’ailleurs, en cette fin avril, à se prononcer sur leur volume de collecte tant les incertitudes sont grandes.
(1) Ce bilan a été établi à partir de données acquises jusqu’au 31 mars 2024
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